«Malgré mon refus, je n’avais pas pu convaincre mon oncle paternel de me laisser finir mon école secondaire. Pour lui avoir les seins était synonyme d’être une femme alors que j’étais qu’un enfant»,
c’est en ces termes que Josée MBUYI a accepté de nous parler à cœur ouvert les conditions dans lesquelles, elle était devenue une femme mariée pendant qu’elle avait encore quatorze ans.
Une pratique néfaste qui étouffe l’avenir des jeunes filles.
Pendant que la jeune fille rêvait de devenir infirmière. Josée a vu sa vie basculer le jour où son oncle paternel décida de la marier de force à son ami, suite à une dette que son oncle ne pouvait pas rembourser. A Kananga chef-lieu de la province du Kasaï-Central, le mariage d’enfants est devenu un fléau dont sont victimes les jeunes filles et leurs privant de leur droit fondamental à une éducation et à un avenir prometteur.
«Histoire s’est déroulée en 2018, pendant que je rentrais de l’école avec mes amies, J’étais qu’en deuxième secondaire lorsque mon oncle décida de m’envoyer au mariage » nous explique Josée avec beaucoup d’amertume. J’avais encore mes uniformes de l’école quand j’avais passé ma première nuit dans la chambre de la personne que j’appelais tonton Jean-Pierre. J’ai vécu le pire cauchemar de ma vie. Il m’a tapé toute la nuit, il voulait que je remplisse mon devoir conjugal pendant que je n’étais pas prête » nous raconte Josée, avec des larmes.
Selon le Ministère provincial du genre, pour le premier semestre 2023, 6% d’incidents des violences basées sur les genres VBG rapportés sont dans la typologie de mariage précoces.
Malgré les lois qui l’interdisent et de nombreux accords internationaux condamnent le mariage d’enfants, notamment la Convention relative aux droits de l’enfant et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes de 1994 pendant Conférence internationale sur la population et le développement au Caire en Egypte. Mais cette pratique reste courante au Kasaï-Centrale
Une intervention des acteurs de lutte contre les VBG.
«Pour lutter contre ce fléau, il est essentiel que les gouvernements et les organisations internationales investissent dans des programmes d’éducation et de sensibilisation. Les communautés locales doivent également être impliquées, afin de remettre en question les normes sociales et de promouvoir l’égalité des sexes » a dit Pierre Bibomba, Directeur pays de l’ONG Enfants avenir.
Dans la même veine, ce précise que le mariage d’enfants n’est pas un héritage culturel à préserver, mais plutôt un obstacle à l’épanouissement des jeunes filles et au développement durable.
«Il est grand temps de faire entendre notre voix et de mettre fin à cette pratique néfaste qui condamne nos filles à un avenir incertain » a-t-il conclu.
Pour rappel, le fonds des Nations-Unies pour la Population (UNFPA) a renforcé les capacités des acteurs clés dans la mise en œuvre des activités de prévention, mitigation des risques VBG et la réponse.
En août dernier, UNFPA à travers ses partenaires mène des sensibilisations dans la communauté pour la transformation des normes socio-culturelles et la promotion de l’égalité de sexes avec les leaders religieux et traditionnels au Kasaï-Central a sensibilisé les communautés sur les conséquences des mariages précoces, engager les leaders coutumiers et religieux sur le changement de comportement en faveur de la protection des femmes et filles, y compris la lutte contre les mariages précoces et forcés.
Comme Josée, aujourd’hui 20 ans et mère de 3 enfants, devenue relais communautaire « lutter contre cette pratique est une opportunité pour d’autres filles Kasaïenne de poursuivre leurs études et de leur permettre de réaliser leur rêve», conclut- elle.
Pascaline Milemba