
J’ai appris à travers le média en ligne “Okapinews.net” que l’association culturelle Lendu (Lori) porte son choix sur Mbusa Nyamwisi pour conduire le dialogue intercommunautaire en perspective entre les communautés ituriennes.
Reconnaissant que le dialogue est une nécessité pour l’Ituri, je pense que le choix de celui qui aura la responsabilité de conduire ces assises ne devrait pas être pris à la légère.
Et donc, j’estime qu’il ne revient pas à une communauté quelconque de faire ce choix si l’on veut réunir les ituriens sans contestation autour d’une table. Il y a ici lieu d’appeler Lori d’arrêter un peu son théâtre.
Dans les atrocités en Ituri, il y a des visages qui énervent la population. Il s’agit notamment de Mbusa Nyamwisi. Ses mains seraient couverts des sangs des innocents ituriens, selon le Rapport des chercheurs de Human Rights Watch.
Ce Rapport est le résultat d’un travail de terrain réalisé par deux chercheurs de Human Rights Watch, en février 2003, se concentrant sur la violence à base ethnique, les violations du droit humanitaire international et le rôle des armées étrangères en Ituri. Ce document s’appuie sur des enquêtes jusqu’à Bunia.
Nos sources dans les couloirs des Nations-Unies qui soutiennent ledit Rapport, font savoir que dans l’un des massacres étudiés par les chercheurs de Human Rights Watch, “les soldats de l’Armée Populaire Congolaise (APC) de Mbusa Nyamwisi ont tué au moins 1 200 enfants Hema et Bira, des femmes et d’autres civils à Nyakunde” dans le territoire d’Irumu en Ituri.
Cette histoire est encore fraîche dans la mémoire des communautés victimes de cette barbarie, selon nos investigations. La seule présence de Mbusa Nyamwisi pourrait capoter l’ensemble du processus conduisant au dialogue intercommunautaire en Ituri, c’est selon.
Certes, Mbusa Nyamwisi a un instinct politique pur et une rare intelligence des alliances, mais l’homme n’est pas un saint dans la situation de l’Ituri, à en croire cette fois-ci, le Rapport Mapping de l’ONU documentant sur les violations des droits de l’homme et droit international commises en RDC entre 1993 en 2003.
Tenez : depuis longtemps déjà, Wamba Dia Wamba reprochait à Nyamwisi de chercher à instrumentaliser le conflit communautaire entre Hema et Lendu afin d’asseoir son pouvoir dans le district de l’Ituri (devenu une province aujourd’hui) et de contrôler les ressources naturelles de la région. (Cfr Rapport Mapping de l’ONU)
Même si Nyamwisi tente de se laver à travers les médias, les faits seraient graves, qu’il devrait tout simplement s’assumer et présenter des excuses aux ituriens.
Le Rapport des Experts de Human Rights Watch et le Rapport Mapping de l’ONU sont clair là-dessus : Mbusa Nyamwisi et les officiers nande de l’APC soutenus par certains membres de l’UPDF (armée ougandaise) vont réduire l’influence des Hema et vont intensifier leur coopération avec les FAC et encourager les miliciens Lendu et Ngiti à se regrouper au sein de groupe politico-militaires, le Front National Intégrassioniste (FNI) et les Forces de Résistance Patriotique en Ituri (FRPI). Au cours de l’année 2002, ces différents groupes armés ont reçu d’importants stocks d’armements en provenance d’Ouganda, des munitions qui ont été utilisées dans les massacres entre les communautés ituriennes, essentiellement les ressortissants Hema tués. (Cfr Rapport Mapping de l’ONU)
Au moment où tous les ituriens, fatigués de la guerre leur imposée, n’aspirent qu’au vivre ensemble à travers l’organisation d’un dialogue intercommunautaire sincère, Lori devrait éviter de jouer à l’hypocrisie en remuant le couteau dans la plaie avec le nom de Mbusa Nyamwisi en Ituri. Cette association culturelle devrait comprendre qu’il ne s’agit pas ici de la politique, mais d’un problème identitaire qui demande assez de sagesse pour sa résolution et qu’il est temps de donner à l’Ituri l’occasion de faire table-rase du passé dans la douceur en évitant de citer des noms qui peuvent facilement diviser davantage.
Kinshasa, le 18 mai 2023
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Germain Aboki (Expert en Sciences de l’Information et de la Communication; Journaliste – RDC; Analyste politique; Conseiller en Communication)